Oinville au fil des siècles...
La commune actuelle d'Oinville-sous-Auneau est constituée du bourg d'Oinville, et des lieux-dits Cherville, Poissac, Occonville (en partie) et Lonceux.
S'il existe de nombreuses traces de lieux de vie entre Oinville et Auneau durant la Préhistoire, nous commençons à en savoir plus à compter de l'époque Gallo-Romaine. C'est à ce moment-là que nos villages et hameaux portent des noms sensiblement identiques à ceux que nous connaissons aujourd'hui, bien que souvent écrits sous leur forme latine.
Au Moyen-Âge, ces hameaux constituaient des seigneuries dont les titulaires pouvaient varier au gré des mariages, héritages et ventes. Il existait un seigneur de Cherville, un autre d'Oinville, encore un autre à Poissac, Occonville ou Lonceux. Nous pouvons retrouver ceux-ci dans divers actes successoraux, et procès, au cours desquels ils réclament justice pour des impayés, des récoltes dues et non fournies, mais également pour des donations au profit des paroisses. L'actuelle commune est alors très morcellée, entre ces seigneurs laïcs, et les chapîtres écclésiastiques, titulaires ou héritiers de biens sur ce territoire.
En 1080 apparaît un certain Gauthier, fils de Flédald, et très probablement d'origine Franque, qui fait des dons importants aux religieux de St Père de Chartres, sur sa seigneurie d'Oinville. Au XIIIème siècle le seigneur s'appelle Guillaume, il est fils de Jeanne et Haimeric d'Oinville.
Notons qu'à cette époque, les noms de famille ne sont pas encore fixés, et qu'il est d'usage de prendre le nom de sa terre. Il est admis que ces seigneurs d'Oinville étaient issus de la famille de Gallardon, seigneurs d'Auneau.
La seigneurie d'Oinville semble suivre le destin de celle d'Auneau, et passe par succession féminine des seigneurs d'Auneau (de la famille de Gallardon) à la famille de la Rivière, dont le membre le plus éminent est sans doute Bureau de La Rivière, grand chambellan des rois Charles V et Charles VI. La succession continue ensuite dans les familles de La Roche-Guyon, d'Estouville, de Longueville puis de Silly. La seigneurie d'Auneau est ensuite vendue en 1580 à Henri, duc de Joyeuse.
Moins de 20 ans plus tard, la "Seigneurie d'Oynville" est vendue avec celle d'Auneau à Philippe Hurault, comte de Cheverny, chancelier de France, qui l'achète en copropriété avec la marquise de Sourdis. Quelques années après le décès du chancelier, Mme de Sourdis rachète l'ensemble, qui reste dans la famille d'Escoubleau de Sourdis, puis de Colbert Chabanais (par mariage) jusqu'en 1719. Fortement endettées, le marquis et la marquise de Colbert Chabanais doivent vendre ces biens au conseiller et secrétaire du Roi, Louis Doublet de Persan (dont l'épouse est alors une femme de lettres de renom), seigneur de Breuilpont (Eure), qui revend l'ensemble trois ans plus tard à Messire Pierre d'Hariague, trésorier général du Duc d'Orléans, régent du royaume. La seigneurie d'Oinville, et la baronnie d'Auneau, font alors l'objet d'un important développement, la famille d'Hariague y apportant beaucoup d'attention. M. d'Hariague est guillotiné en 1794, le domaine morcelé, s'en suivront ensuite divers propriétaires.
Au début du XIXème siècle, c'est enfin le marquis d'Aligre qui fait l'acquisition des terres de l'ancienne seigneurie d'Oinville. Il sera pair de France et président du Collège électoral d'Eure-et-Loir.
Durant la guerre de 1870, Oinville est occupé successivement par 3 490 soldats Prussiens.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la commune subit la présence des troupes allemandes, notamment par l'occupation du domaine de Baronville, réquisitionné par différentes unités, dont la Luftwaffe.
Bureau de la Rivière
Henri, duc de Joyeuse
Étienne, marquis d'Aligre
Le château de Cherville
Archives départementales d'Eure-et-Loir
Il semble que les seigneurs de Cherville soient restés longtemps indépendants du destin d'Oinville, bien qu'ils relèvent de cette paroisse depuis des siècles.
En 1232, avaient été inhumés en l'église d'Oinville, leur paroisse, Jean de Chartres, seigneur de Cherville, et sa femme Marguerite. En 1539, leurs successeurs seront également enterrés en cette même église, nous laissant ainsi deux pierres tombales d'une exceptionnelle rareté.
Au milieu du XVIIème siècle, la famille de Chartres, qui venait d'adhérer à la « nouvelle religion » (protestante), possédait toujours le château de Cherville.
Durant les guerres de Religion, une des plus importantes batailles eut lieu à Auneau, donc à proximité immédiate d'Oinville. Les troupes protestantes étaient composées de mercenaires allemands, dirigés par le comte de Dohna, pendant que les catholiques étaient sous les ordres du duc de Guise Henri, dit "le balafré". Cette bataille d'Auneau sera une des plus importantes défaites du parti protestant, y perdant plus de mille hommes. On imagine donc la situation difficile dans laquelle purent se trouver les seigneurs de Cherville.
Le dernier seigneur de cette lignée, Henri de Chartres, époux d'Anne de Gas, quitta le domaine en 1633. Le fief passa ensuite dans la famille Pécou jusqu'au XVIIIème siècle.
Le château fut saisi en 1792 et vendu comme bien national. Il tomba sous les marteaux des démolisseurs en 1799. De l’ancien château, jadis très important, il ne reste malheureusement presque rien, mais on peut toujours admirer le très beau portail datant du XVème siècle.
Une météo capricieuse...
d'après les relevés météorologiques des années 1709-1710-1788-1789
"Au commencement de l'année 1709, les arbres fruitiers, les peupliers, les saux et surtout les noyers furent gelés et en moururent. Au même temps les blés furents gelés en terre. On fut contraint de manger du pain d'orge qui vint en abondance sur les terres dont le blé avait gelé. Plusieurs ne firent et ne semèrent rien sur les dites terres, croyant toujours que le blé repousserait jusqu'au mois de mai, ce qui n'arriva pas et cela causa une grande cherté de grain. On se servit aussi alors de blé sarrasin."
"Le lundi 28 juillet 1710, se leva un si grand vent que les blés en furent si battus qu'il en tomba la semence dans quelque champs et c'était une pitié de voir les terres couvertes de la semence qui était tombée par la violence du vent."
"Le 13 juillet 1788, une grêle moissonna toutes les espérances du laboureur. Sans toute on n'avait point d'exemple d'une semblable calamité. Le découragement était dans tous les coeurs. Les inquiétudes se renouvellèrent à l'approche des semences, un temps constamment pluvieux fit craindre de ne les pouvoir confier à la terre. On ordonna des prières. Le plus long, le plus rigoureux des hivers augmenta encore tous les maux. Nous avons fini 1789..."
En 1900, l'élevage de "mérinos de Rambouillet", de M. Thirouin, reçoit la médaille d'or pour ses moutons d'Oinville-sous-Auneau.
Oinville voit l'atterrissage d'un dirigeable nommé "Le Centaure", le 4 mai 1905, piloté par MM. de Castillon, Legrand, de Kergariou, de Masfrand, après avoir parcouru 80 km à une altitude maximale de 1 950 mètres, en 4h20 de vol.